
Découvert en 1659 par Hans Rudolf Glauber qui l’avait surnommé « nitrum flammans », le nitrate d’ammonium, de formule NH4NO3, est principalement utilisé comme engrais azoté sous le nom d’ammonitrate, mais il est également doté d’un grand pouvoir oxydant et entre dans la composition de certains explosifs.
Le nitrate d’ammonium est toxique pour l’homme. Par inhalation de ses poussières, il irrite les voies respiratoires ; par exposition prolongée il provoque des faiblesses, des céphalées et par contact, des irritations de la peau.
Quelques catastrophes provoquées par le nitrate d’ammonium :
21 septembre 1921, Oppau (Allemagne). Dans l’usine BASF, 4 500 t de nitrate et de sulfate d’ammonium détonent, provoquant la mort de 530 à 590 personnes et des dégâts dans un cercle de 90 km de diamètre. L’explosion a été provoquée par une cartouche de dynamite qui devait créer un front de taille dans le nitrate pris en masse, procédé pourtant couramment employé jusqu’à lors.
26 avril 1947, Texas City (États-Unis). Lors de l’incendie d’un cargo français le « SS Grandcamp » qui contenait plusieurs centaines de tonnes de nitrate, pour étouffer l’incendie les écoutilles sont fermées et de la vapeur chaude est envoyée. L’explosion fait 561 morts et 3 000 blessés en ruinant la zone pétrochimique : les experts comparèrent cette explosion à la puissance de la bombe atomique sur Nagasaki.
28 juillet 1947, Brest (France). 3 000 t de nitrate d’ammonium dans un navire norvégien « l’Ocean Liberty » subissent un incendie qui fait couler de la paraffine sur le nitrate fondu d’ammonium. Le cargo en feu est remorqué dans la rade ; il s’échoue sur un banc de sable et explose avant que la Marine ne puisse le couler ; le bilan est de 22 morts et 500 blessés.
28 novembre 1988, Kansas City (États-Unis). Explosion sur un chantier avec du nitrate d’ammonium mélangé à de l’essence et des pastilles d’aluminium. 6 pompiers trouvent la mort.
13 décembre 1994, Sioux City (États-Unis). Sur le site de fabrication, explosion de 75 t de nitrate dans le réacteur et la réserve voisine ; le bilan est de 4 morts et 18 blessés.
21 septembre 2001, Toulouse (France). Dans l’usine AZF, l’explosion du stockage de 300 à 400 t de nitrate d’ammonium déclassées à cause d’une granulométrie ou composition non conformes se traduit par 30 morts, 2 500 blessés et des dégâts considérables sur plusieurs kilomètres à la ronde.
4 août 2020, Beyrouth (Liban). Un incident dans un bâtiment contenant une une cargaison de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium serait à l'origine d'une double explosion. Bilan au 29 août : 188 morts, 7 disparus et 6 500 blessés. 300 000 personnes sans domicile.
Ces explosions accidentelles conduisent à des renforcements de la réglementation du stockage, de l’état de pureté, de la nature des tensioactifs et des protocoles de manipulation, afin de limiter les risques.
Pensée du jour : « Coup de fouet pour les plantes, coup de foudre pour les hommes, le nitrate est versatile. »
Qu'en est-il de l'usine TIMAC AGRO (17) ?
Heureusement, "le site n'est pas autorisé à accueillir des engrais à base de nitrate d'ammonium".
Et ailleurs (17) ?
Deux sites sont classés Seveso pour être des lieux de stockage de nitrate d’ammonium. Tous les deux se trouvent à Chef-de-Baie (La Rochelle) : BOREALIS et POITOU-CHARENTES ENGRAIS.
La Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) avait notamment signalé en 2016 des équipements abandonnés sur le site de BOREALIS et des documents ne permettant pas de connaître la nature des engrais stockés.
RAPPEL : La Charente-Maritime compte 14 sites SEVESO. Le quartier La Palice à La Rochelle en compte 50 % à lui tout seul. Les premières habitations sont à 30 mètres de ces sites industriels dangereux...
Les leçons de l’accident d’AZF n’ont manifestement pas été tirées.
Sources
Pour en savoir plus